Chantier Gare de l'Est
Conserver une trace du moment de la construction ou de la réhabilitation d’un bâtiment, de cet épisode « entre-deux ». L’espace se transforme. Terminé il ne ressemblera plus à cet instant T où il se modèle encore. La photographie permet de garder une mémoire de ce temps. Elle est ainsi un document.
Mais le lieu en chantier existe aussi à part entière, et pour lui-même. Des objets, des matériaux, un univers. Les matières s’imbriquent, se mêlent. La terre et le sable se mélangent au métal et plastique. C’est comme si nature et culture étaient alors étroitement liées. Le naturel et l’industriel, le manufacturé, étroitement imbriqués. Le bâtiment est par endroits comme désossé, mis à nu. Les fils électriques sont apparents, le béton brut. Les signes sont nombreux, traces sur les murs, croix, codes. Les machines, à l’arrêt, semblent se reposer.
La photographie permet de garder une trace donc. Mais aussi, surtout, de créer un monde. Le chantier se dresse, tantôt mystérieux, tantôt imposant, tel un décor. Alors on peut basculer dans l’onirique, le fantasme. Celui d’un lieu autre, d’un ailleurs.